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L’histoire de l’art et visual studies, une relation mitigée : entre tradition et innovation !



C'était inévitable pour les visual studies de ne pas croiser sur leur chemin une certaine histoire de l’art, la plus idéaliste et traditionnelle. Une discipline qui, comme celle-ci, remplit à la fois des fonctions

« politiques », idéologiques ou simplement culturelles, n’aurait-elle pas, entre autres, pour finalité d’entretenir une mythologie, celle de l’art ?

Il y a trente ans déjà Hans Belting – pas seulement lui – n’hésitait pas à parler de l’histoire de l’art comme d’une discipline «épuisée».


D’un autre côté, W.J.T Mitchell parlait d’«in-discipline» pour définir les visual studies comme «le ressort même de la vitalité et de la capacité d’innovation».

L’écrit qui m’a inspiré pour rédiger ces quelques lignes, Entre l’histoire de l’art et les visual studies : mythe, science et idéologie, a été écrit par Daniel Dubuisson et Sophie Raux. Ils abordent deux disciplines qui à première vue peuvent se ressembler alors que nous verrons plus tard qu’elles sont bien différentes l’une de l’autre, mais peuvent être complémentaires. Nous parlons ici de la relation entre l’histoire de l’art et les visual studies.


Les visual studies: quand l'image ouvre des horizons !


Source: Wced Eportal

Ces dernières, dont l’appellation semble être apparue en 1995, employée pour la première fois par W.J.T Mitchell, possèdent un champ d’application très vaste par ses réflexions et ses questionnements autour de pratiques, de phénomènes ou d’objets hétérogènes. Elles portent un intérêt particulier pour tous les types d’images ou artefacts visuels qui ont été construits et conçus afin d’être vus dans la société dans un motif culturel et social. Malgré cela, dans les universités françaises, elles n’ont pas encore acquis une place officielle comme la Bildwissenchaft en Allemagne ou les visual studies aux Etats-Unis. Pourtant c’est un domaine de recherche interdisciplinaire où se rencontrent diverses disciplines, notions ou théoriciens (sciences humaines et sociales, sciences de l’information, sciences de l’ingénieur, neurosciences ou encore créations audio-visuelles etc).

James Elkins les définit même comme un domaine prometteur au niveau intellectuel et conceptuel, apparu dans le monde universitaire durant ces dernières décennies. Les études visuelles privilégient donc le visuel et la culture et se situent dans la continuité de l’histoire de l’art en lui apportant des perspectives nouvelles tout en restant à bonne distance mais surtout en étant concurrence avec elle, en menaçant ses critères de distinction esthétique traditionnels, communément appelés œuvres d’arts. Pour leur part, les visual studies préfèrent se positionner en tant qu’expressions visuelles d’une culture en se basant sur le rôle et les fonctions et non en hiérarchisant dans des catégories discriminantes, comme le ferait l’histoire de l’art.

Histoire de l'art : un art qui s'idéalise !


En effet, cette dernière dotée d’une histoire singulière et ancienne datant d’avant sa reconnaissance académique au XIXe siècle, est marquée par un fort idéalisme et une certaine esthétique. Les visual studies ignorent tout de sa double tentation de l’idéalisme et du préjugé high and low qui caractérisent depuis longtemps l’histoire de l’art, celle qui s’idéalise elle-même en idéalisant « ses » objets. Pour ce faire, elle s’organise en un principe structurant bien précis entre les différents types d’arts et genres qui existent (arts « décoratifs », arts « premiers », arts « asiatiques » ou arts « populaires » etc).

Il s’agit donc d’une discipline qui hiérarchise et distingue ses objets en fonction de critères et qualités esthétiques qui pour elle et la société sont considérées comme les plus prestigieuses. On retrouve notamment dans l’histoire de l’art des notions comme le Beau, l’Artiste, le Génie, la Création ou encore l'Oeuvre. Ce qui nous donne les clefs pour en connaître davantage sur l’état d’esprit des personnes qui l’ont construite, défendue et diffusée et de rattacher les fonctions idéologiques qu’elle possède aux fonctions religieuses, spirituelles ou symboliques.

Par ailleurs, l’histoire de l’art a une vision bien différente des objets que les visual studies ont car, tout comme les musées, elle s’approprie et dépossède les objets de leurs lieux d’origine pour en faire des œuvres d’art qui seront essentiellement au service de l’art. Face aux visual studies, l’histoire de l’art est donc contrainte à se justifier de ses choix, et ainsi à redéfinir ses propres projets et programmes scientifiques. En bref, tergiverser autour des relations qu’entretiennent ou devraient entretenir l’histoire de l’art et les visual studies pose un ensemble de questions difficiles et politiquement délicates. Nous constatons que la relation entre l’histoire de l’art et les visual studies est étroite et que redéfinir le domaine de l’art paraît complexe et semble être une des questions majeures que les visual studies adressent à l’histoire de l’art. Célina (celina_jhalisa)


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