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Alan Smithee, le plus mauvais réalisateur d'Hollywood ?

Dernière mise à jour : 15 août 2020



Alan Smithee est un pseudonyme utilisé aux Etats-Unis par les réalisateurs pour signer un films qui a fait l'objet de modifications ou de conflits avec le studio.


Petite histoire


Tout commence avec la DGA (Director Guid of America) : c'est le syndicat des réalisateurs de films aux Etats-Unis. Pendant longtemps, elle s'est battue pour que le réalisateur soit l'auteur du film, l'obligeant ainsi à signer son oeuvre. Cependant, le processus de réalisation aux Etats-Unis étant tellement complexe, que d'autres facteurs peuvent venir interférer. Comme les studios ou le producteur, qui peuvent venir déposséder le réalisateur de son oeuvre.


Le premier film signé du nom d'Alan Smithee date de 1969. C'est "une Poignée de plomb" (Death of Gunfighter). Le réalisateur de l'époque Robert Totten était en grand conflit avec l'acteur Richard Widmark. Ce dernier obtient le renvoi du réalisateur au profit de Don Siegel (qui a, par la suite, connu une riche carrière). Cependant, aucun des deux réalisateurs ne voulait signer le film de son nom car il n'y avaient travaillé que artiellement. La DGA fut saisie et après instruction du dossier elle reconnut que le film était l'oeuvre d'aucun des deux réalisateurs. Ainsi, elle proposa le pseudonyme de "Al Smith" qui est inspiré d'un des noms les plus communs en Amérique du Nord. Cependant, un employé de la DGA portait déjà ce nom donc elle le déclina en "Alan Smithee", créant ainsi l'un des pires réalisateurs de l'histoire d'Hollywood.



En effet, si le réalisateur avait recours à ce pseudonyme, c'est que son oeuvre résulte d'un processus chaotique et/ou de nombreux conflits, donnant en général de très mauvais films, ou au mieux, de sympathiques nanars.




Après 40 ans d'existence et une centaine de films à son actif, Alan Smithee disparaît en 1999, après une situation pour le moins particulière.

Afin de rendre hommage au phénomène, un film fut tourné en 1999 : "An Alan Smithee film : Burn Hollywood Burn" (Histoire du film).

Sauf que le film connaîtra de nombreux problèmes et le réalisateur Arthur Hiller était en conflit avec la production. Ainsi, il demanda à la DGA de remplacer son nom par Alan Smithee. Le film sur Alan Smithee est donc signé Alan Smithee !!! Le comble et un casse-tête qui poussa la DGA à mettre un terme au phénomène.



Aujourd'hui, Alan Smithee n'est plus qu'une blague nostalgique du cinéma. Il a été utilisé pour la dernière fois en 2011 pour "Another Night of the Living Dead" où Alan Smithee était crédité en tant que mort vivant... un hommage bien comique. La légende urbaine raconte que Alan Smithee est l'anagramme de "The Alias Man" mais il se pourrait que cela ne soit qu'une simple coïncidence.


Phénomène révélateur d'un véritable problème


Alan Smithee a réussi à mettre l'accent sur un problème à Hollywood. En effet, à l'époque il y a eu un questionnement sur l'auteur de l'oeuvre cinématographique. Le réalisateur n'était là que pour répondre à la commande du producteur, qui était également maître du montage final. La DGA s'est battue pour que le réalisateur soit reconnu comme auteur de l'oeuvre cinématographique. L'obligeant ainsi à assumer son oeuvre sauf s'il a été trompé par les studios ou que l'oeuvre ait été modifiée par les producteurs. Dans ce cas, il pouvait avoir recours au pseudonyme puisque l'oeuvre n'était plus vraiment la sienne.

Cette réflexion existe encore aujourd'hui quand l'on voit les problèmes qu'a rencontré la Warner avec les films DC Comics, souvent accusés d'être très différents de la vision du réalisateur constituant souvent des patchworks sans âme ni substance (Suicide Squad, Justice League).

Alan Smithee ne réapparaîtra probablement jamais, mais il aura permis de mettre en lumière une problématique encore d'actualité à Hollywood aujourd'hui.


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