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Clint Eastwood : un humanisme Républicain, un existentialisme Démocrate

Dernière mise à jour : 15 août 2020



Il y a des sujets profondément segmentants voir même clivants, voir même sources de divisions ou éventuellement à l'origine de drames familiaux. On peut en lister certains: Florent Pagny a t-il réellement eu la liberté de penser ou plus simplement a t-il pensé ? Les lacs du Connemara sont-ils vraiment des landes de pierres alors que certains y ont vu de la mousse ? Ou y a t-il des pays qui donnent plus de blé qu'un meilleur avril ?

Et bien le sujet Clint Eastwood est de ceux-là. Pouvons-nous voir dans sa filmographie une projection de lui-même, un simple acteur qui joue un rôle parce que bon y'a quand même un chèque à toucher, ou encore un citoyen qui utilise l'écran pour faire oeuvre de polémiste ?


J’ai ma théorie là-dessus et je vais vous la livrer. Et là les yeux embués par l'émotion vous vous direz “Oh grands dieux quelle finesse d’analyse”. Pour moi, Clint est un Républicain qui fait des films Démocrates (certes pas tous ses films).

Si on en croit cette bible eatswoodienne qu'est l'ouvrage de Richard Shickel, sur l’exemple de la guerre du Vietnam, Eastwood déclara que n'ayant pas voulu combattre en Corée, il pouvait comprendre pourquoi la nouvelle génération ne le souhaitait pas non plus. L'idée que quiconque puisse mourir dans une guerre inutile, où ni l’existence de la Nation ni aucun principe moral élevé ne se trouve mis en jeu est simplement condamnable.


Eastwood est pro avortement et a toujours soutenu la cause féministe (même s'il faut nuancer cette affirmation en visionnant le troisième épisode de la saga ​Dirty Harry : L’inspecteur ne renonce jamais​). Il a soutenu les mouvements des droits civiques.

Il existe de manière effective un paradoxe Eastwood, par exemple en père paumé et totalement à côté de ses pompes. Il montre dans ce film les difficultés sans justement mettre en avant les valeurs familiales qui pèsent des tonnes dans beaucoup de films US type Michael ​boom boom​ Bay. Il y a dans la grande majorité des films de Eastwood un humanisme qui ne peut être remis en question.

La route de Madison​ est un exemple frappant. La famille de Meryl Streep n'est pas une famille dysfonctionnelle. Le mari n'est pas montré comme un type violent, au contraire c'est un bon père, un mari aimant.

Eastwood montre sans mièvrerie que l'amour surgit simplement et qu’il faut y faire face, que l’amour n’a pas d’âge (en cela aussi le film est très humain, il n’y a pas de volonté de montrer des corps parfaits, des corps jeunes. Non, Eastwood montre simplement des corps). Meryl Streep se retrouve face à un choix et ce dernier n'est pas des plus faciles. C'est en cela que Clint se démarque des idéaux républicains et chrétiens si on pousse l'analyse. Meryl Streep n'est pas jugée en tant que femme adultère, elle n’est d'ailleurs pas jugée.

Elle fait le choix du sacrifice et on ressent toute la tristesse de ce choix, on sent le poids de sa culpabilité. Il y a une grande nuance entre la culpabilité que vous fait porter la société et ses valeurs judéo-chrétiennes versus la culpabilité d'une femme qui renonce à un dernier grand amour simplement pour protéger les siens. Mais elle ne les protège pas de l’amour qu’elle a pu ressentir, elle les protège du regard des autres pour leur éviter d'être la proie des ragots. Il est là l'humanisme Eastwoodien !!!

Penchons-nous pour finir sur les films d'Eastwood qui traitent de l’armée. Le maître de guerre​ est intéressant parce que beaucoup ont hurlé au fascisme, au patriotisme exacerbé, etc. mais Clint n’est pas John Wayne.

Le film est une comédie et le personnage est une parodie totale. Le Département d’Etat de l’administration Reagan refusera à Eastwood son soutien logistique considérant que le personnage de Highway était une caricature. Et comme souvent Eastwood s'attache à un portrait d'homme, en l'occurrence celui d'un vétéran, mais pas celui d'un personnage qui porterait la bannière étoilée sur son slip, il montre aussi que ces types revenus de toutes les guerres post seconde guerre mondiale sont totalement inadaptés à la vie civile. Dans le dyptique ​Mémoire de nos pères​ et ​Lettres d’Iwo Jima​, il est impossible d'y voir des films patriotiques. Il suffit juste de relire les mots de Eastwood lui même “Dans la plupart des films de guerre que j'ai vus dans ma jeunesse, il y avait les bons d'un côté, les méchants de l'autre. La vie n est pas aussi simple, et la guerre non plus. Nos deux films ne parlent ni de victoire ni de défaite. Ils montrent les répercussions de la guerre sur des êtres humains dont beaucoup moururent bien trop jeunes”.

Ce diptyque est une dénonciation de la propagande, que celle-ci soit opportuniste dans l’utilisation d’un événement particulier, ou, une propagande à long terme et institutionnalisée.

Pour moi Eastwood est un peintre de l’humain. C’est un portraitiste alors peut-être qu'avec le temps et l'âge avançant on peut considérer qu'il commence à légèrement sucrer les donuts ( en France, on dirait sucrer les fraises), que certaines de ses dernières déclarations sont à côté des santiags, mais je continue à vouer un culte à cet acteur-réalisateur-jazzman qui au final terminera sa vie avec un peu moins de casseroles que Woody Allen.

Clint est le cow-boy sans nom (trilogie du Dollar), le prêcheur non-croyant (​Pale Rider​), un marshall épris de justice (​Un monde parfait)​ , un flic pas si expéditif (​Dirty Harry​), un père absent (​Les pleins pouvoirs​).

Clint est le dernier représentant du vieil Hollywood et pour cela, il est déjà de son vivant une Légende.


Bebel




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