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Dark Waters, un drame actuel et nécessaire.

Todd Haynes, avant la crise sanitaire, s’attaque à une autre crise cachée. Coup d'œil sur un film passé bien trop inaperçu.

Avis aux amateurs de poêles et de casseroles, ce drame tout droit venu d’Amérique va vous faire revoir à deux fois votre utilisation d'ustensiles de cuisine. Réalisé par l’inimitable Todd Haynes, à qui l’on doit notamment les films Carol (2015) et Loin du Paradis (2002), Dark Waters se range directement dans la catégorie des films ayant pour sujet principal un lanceur d’alerte. On retrouve de tout dans cette catégorie très (trop) peu exploitée au cinéma. Du scandale des prêtres pédophiles avec Spotlight à l’affaire Erin Brockovich dans un film éponyme, en passant par des classiques comme Les hommes du président. Un point commun parmi ces différents films : la vocation à exposer des scandales méconnus ou oubliés aux yeux du grand public.


C’est armé d’un homme on ne peut plus polyvalent que Haynes s’engage dans la bataille. On retrouve donc Mark Ruffalo en première ligne. Très engagé écologiquement, le rôle lui colle à la peau, et l’acteur, humble et discret, signe (comme à son habitude ?) une performance immense. Dark Waters raconte l’histoire de Rob Billot, un citoyen américain s’étant battu bec et ongles pour que les victimes du Téflon obtiennent gain de cause. Le Téflon est une « matière plastique très résistante aux agents chimiques et à la température » selon le dictionnaire “Le Robert ». Découvert en 1938, on le retrouve principalement dans les poêles. Le problème du Téflon, c’est qu’il contient de l’acide perfluorooctanoïque (dit PFOA), acide qui représente un danger extrême pour l’être humain, puisqu’il fait parti des polluants organiques persistants (POP), pouvant provoquer des maladies graves (cancer du foie en particulier) et affaiblir le système immunitaire.


Haynes filme le combat de David contre Goliath, et attaque indirectement les décisions d’un système corrompu privilégiant l’économie au détriment de la santé. Images chocs d’animaux qui agonisent dans un cadre on ne peut plus dystopique, où les couleurs ternes sont omniprésentes. Dans cette lutte manichéenne, où l’avocat, abîmé physiquement par son anxiété, fait face aux hypocrites de la Haute qui ne peuvent se racheter une conscience, on prend vite parti pour la justice, tant la lutte menée dans ce film est légitime. Comme son nom l’indique, Dark Waters informe sur la pollution des rivières, et donc de notre eau potable. Mais s’engager signifie aussi faire des sacrifices, ici représentés par la femme de notre nouvel avocat préféré, Anne Hathaway. L’actrice assiste à la descente aux enfers de son mari, impuissante. À ce joli casting de second rôle s'ajoutent le génial Tim Robbins et le surprenant Bill Camp.


Nécessaire, cette œuvre est aussi un bijou technique, tant l’audace de ses plans et la fluidité de son rythme permettent au propos de rester intelligible et à la forme de ne pas devenir lassante.

Dark Waters, privé du succès qu’il mérite en raison de la crise sanitaire, est une œuvre magistrale, à l’image de son acteur principal.


À voir absolument.


-Baptiste Gouin-

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