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Ciné Thème : la folie au cinéma 1

Dernière mise à jour : 1 juin 2020



L’évolution de sa vision dans le cinéma


Les débuts de la folie, le début du 20ème siècle : le fou indissociable du cinéma d’horreur et du cinéma fantastique.

En effet cela se confirme avec les tendances psychiatriques de l’époque, c’est-à-dire que le fou fait peur, il est rejeté. Il suscite en général la peur et le dégoût des spectateurs via sa laideur ou difformité. Il est possible de citer ici M le maudit de Fritz Lang (1931) ou Dracula de Tod Browning (1931).

Parallèlement, se développe le personnage du savant fou mais je ne considère pas ce cinéma comme un reflet de la folie elle-même mais plutôt comme une crainte vis-à-vis des avancées scientifiques de l’époque. Avec des films comme Docteur Mabuse de Fritz Lang (1922), Caligari de Robert Wiene (1920), ou encore Frankenstein de James Whale (1935).

Entre les années 1940 et 1960, la folie devient une source d’interrogation, son origine et ses solutions, le cinéma se questionne sur l’inconscient, de là naît le thriller psychologique à travers notamment le travail d’Alfred Hitchcock comme La maison du docteur Edwards ou le film de Litvak La fosse aux serpents.

Depuis les années 1960, le cinéma se diversifie notamment avec l’exploration de la maladie mentale. On peut par exemple voir parfois la folie de la société ou la normalisation du fou. La manière de l’aborder est ainsi différente en fonction des époques, des avancées médico-psychiatriques et le regard de la société sur les troubles mentaux.


Qui la réalise ?


Qui sont les réalisateurs qui entretiennent une relation étroite avec la folie au cinéma ?

En premier lieu, il faut bien évidemment citer Alfred Hitchcock, avec son très célèbre Psychose, il signe ici une référence dans l’histoire du cinéma mettant en scène un fou. Norman Bates est ainsi devenu un des fou les plus emblématiques du 7ème art, je vous recommande également la série Bates Motel qui traite très bien de l’évolution du personnage malgré une certaine prise de liberté. En dehors de ce film qui fait évidemment office de chef de fil du cinéma d’Hitchcok, la folie est très présente dans beaucoup de ses films. Appartenant en général au genre du film noir, le meurtre chez Hitch est en général le fait d’un seul personnage. Quand on regarde la filmographie de ce grand monsieur, un de ses premiers films est Les Cheveux d'or (The Lodger ou The Lodger: A Story of the London Fog) sorti en 1927 où l’histoire est semblable à celle de Jack l’éventreur avec un tueur de femmes. Et son avant-dernier, Frenzy, sorti en 1972, est également une histoire de tueur de femmes. Ces deux films sont ainsi des histoires de tueurs fous sous tension de frustrations et pulsions sexuelles que l’on peut rattacher à Psychose même si le traitement de l’histoire est différent de même que la folie n’est pas la même. Il est toutefois très intéressant de regarder les deux films l’un après l’autre afin d’apprécier l’évolution du cinéma d’Hitchcock ainsi que la manière de traiter le sujet. Frenzy est d’ailleurs un des seuls films de ce dernier à comporter une scène de nu et le film hommage Frantic de Roman Polanski vaut également le détour. D’autres films traitent de la folie, toujours autour du meurtre comme Stranger on a train (L’inconnu du Nord express) où la folie est presque diabolique, ou Shadow of a doubt (L’ombre d’un doute) avec un tueur de veuves. Ainsi, très souvent la folie est la cause du meurtre, mais parfois elle en est la conséquence comme dans Spellbound (La maison du Dr Edwards) ou Marnie (Pas de printemps pour Marnie). Le cinéma d’Hitchcok mériterait une étude complète dans son ensemble, mais en tout cas c’est un réalisateur incontournable du cinéma qui a toujours travaillé sur le thème de la folie, elle fait presque partie de son oeuvre entière : sa filmographie.

Le deuxième réalisateur incontournable est Stanley Kubrick. En premier lieu, nous allons citer The Shinning. Même si l’oeuvre à la base est un livre de Stephen King qui ne traite pas de la folie mais bel et bien du thème de la maison hantée, Kubrick en a fait quelque chose de différent, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Stephen King désapprouvera le film. Ainsi, les malheurs de la famille Torrance ne semblent ainsi pas tant à l’influence d’esprits maléfiques qu’au personnage de Jack, qui perd la raison et sombre dans la démence. Contrairement au livre, l’Hotel n’est presque pas considéré comme un être a part entière. The Shinning est bel et bien une histoire sur la folie et non une histoire de fantôme. Sous cet angle, l’histoire de The Shinning rappelle sensiblement celle de la troisième partie de 2001 l’Odyssée de l’Espace (1969) où l’ordinateur HAL, sans raison apparente, décide d’éliminer les cosmonautes qu’abrite (et enferme) le vaisseau Discovery. Le thème de l’anéantissement des siens est d’ailleurs prépondérant dans l’œuvre de Kubrick : la hiérarchie militaire française qui décide d’exécuter trois de ses soldats (Les Sentiers de la gloire, 1957), l’état-major américain qui tente de neutraliser ses propres bombardiers pour empêcher une guerre nucléaire (Dr Folamour, 1964), les hommes préhistoriques qui se massacrent pour asseoir leur domination, Alex qui tabasse ses droogs pour leur ôter toute idée d’insubordination (Orange mécanique, 1971), etc. L’Overlook n’est plus simplement un vieil hôtel hanté mais l’incarnation de l’inconscient de Jack, le lieu où s’expriment tous ses désires refoulés, son « ça » (je fais ici une comparaison avec la psychologie Freudienne). Jack (le Moi), pénètre ce lieu, s’en empreigne et lui succombe, loin de son Surmoi qui pourrait être le labyrinthe, seul endroit où sa famille est « à l’abri » (c’est d’ailleurs là que Danny va se réfugier quand il est poursuivi par Jack à la fin du film). Dans chaque film de Kubrick il y a un point de basculement, vers lequel toute la première partie du film tend et dont toute la seconde partie découle. C’est par exemple le coup de foudre de Humbert Humbert pour Lolita quand il la découvre dans son jardin en train de lire étendue sur l’herbe (Lolita, 1962). C’est l’utilisation par les hommes préhistoriques d’un outil, un os, qui va changer le cours de l’humanité (2001). Le meurtre du sergent Hartman par Baleine et le suicide de ce dernier (Full Metal Jacket, 1987). C’est la révélation d’Alice Harford de ses fantasmes secrets à son mari (Eyes Wide Shut, 1999). Dans The Shining, ce point de basculement se situe très précisément lorsque Jack, seul dans le grand hall de l’hôtel, observe fixement la tête baissée et les yeux relevés, presque en transe, les grandes fenêtres blanches sur lesquelles s’abat la neige qui va contraindre les Torrance à ne plus sortir de l’Overlook. Définitivement enfermé dans les limbes de son inconscient, Jack va pouvoir céder aux sirènes de la folie.

Autre réalisateur qui met en scène la folie : Brian de Palma. A commencer par Carrie (adapté d’un roman de Stephen King) film d'horreur baroque, il raconte l'histoire d'une jeune fille aux pouvoirs de télékinésie, tellement humiliée par ses camarades de lycée qu'elle est prise d'une folie meurtrière pendant son bal de promotion. Il faut également cité Phantom of the Paradise (1974) et Dressed to kill (Pulsions en français, 1980) qui sont des hommages à des oeuvres d’Alfred Hitchcock. Dans un registre différent il est possible de citer Scarface qui est ici une critique de la société américaine et de la société de consommation en général avec l’ascension et la chute de Tony Montana. La folie est un thème primordial chez De Palma. Elle est présentée dans un éventail nosologique étendu : névroses hallucinatoires ou obsessionnelles, hystéries, manies, phobies, paranoïas, schizophrénies, etc. À l’exception de Sisters, elle touche généralement des personnages masculins (mais souvent des personnages à tendances féminines). Si névropathes et psychotiques fourmillent dans l’œuvre de Brian De Palma, c’est plus parce qu’ils fournissent des comportements cinématographiques intéressants – originaux et imprévisibles – que par inclination pour les descriptions de psycho-clinique. Elles forment un corpus homogène avec les souvenirs (Body Double, Casualties of War) et les rêves (Sisters, Carrie, Dressed to Kill, Raising Cain). Associées à la folie, elles se caractérisent par leur force de présence réaliste sur l’écran, souvent pour créer la surprise. Mais De Palma utilise parfois des moyens purement cinématographiques (plans inclinés et grands angles dans Raising Cain) pour donner un indice au spectateur sur le côté irréel des choses.

John Carpenter, maître de l’horreur et du cinéma de genre va, lui aussi explorer le thème de la folie au cinéma. En premier lieu, regardons du coté des classiques The Thing. En effet, le fait que la créature puisse prendre l’apparence de n’importe qui, tout le monde soupçonne tout le monde et la paranoïa s’installe dans la tête des personnages et dans celle des spectateurs. Ici, commence chez Carpenter le processus d’altération de la vérité, c’est lorsque l'on sait que tout peut être faux, ou ne pas être ce que l’on pensait être, et dans ce cas-là, des personnages qui ne sont pas humains. Nous pouvons également le retrouver dans Invasion Los Angeles où les aliens sont déjà à l’intérieur du système. Ainsi, Carpenter tourne la folie autour de la paranoïa qui s’installe à cause de l’autre ou de son altérité. Comme dans Vampires où le spectateur essaye de comprendre quand l’autre est contaminé, encore une fois le principe de l’altérité et de la transformation.

Le deuxième aspect des œuvres de Carpenter et qui rejoint en certains points le principe de l’altération est le principe de déshumanisation. En effet, pour poursuivre dans le thème de la folie et la peur, Carpenter souhaite retirer toutes émotions de la peur. Il veut faire de la personne et de l’horreur un personne en soi et non une caractéristique humaine. L’exemple type est le célèbre film Halloween où Mickael Myers arbore un masque blanc, froid et dénué de toute émotion humaine, il tue froidement presque sans raison. On veut croire que le méchant est devenue fou mais il est la folie elle-même, son masque fait de lui personne ou tout le monde, cette déshumanisation revient à l’humanisation de l’horreur en tant que personnage physique. Cet aspect se retrouve dans Assaut où les assaillants gardent un visage sans la moindre expression et où ce sont des tueurs de sang froid. Cette personnification du mal parfaitement incarnée dans Halloween se retrouve également dans plusieurs de ces films comme Christine ou The Fog. Avec comme représentation de l’horreur, une voiture et la brume, deux choses entièrement non-humaines auxquelles il est accordé des caractéristiques humaines.

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