La suspension consentie de l'incrédulité

Que se cache derrière ce terme complexe qui a l'air tout droit sorti d'un livre de psychanalyse. En fait, c'est quelque chose de très simple que nous faisons tous.

C'est l'opération mentale effectuée inconsciemment par le spectateur, qui accepte le temps de la consultation de l'oeuvre de mettre de côté son scepticisme. Pour faire simple c'est le processus qui permet d'apprécier des oeuvres comme Star Wars, Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux tout en sachant que c'est impossible dans la réalité.

L'inventeur de ce concept est Samuel Taylor Coleridge, écrivain, critique et poète britannique. Il dit que si on arrive à créér un univers cohérent et qui suscite l'intérêt du lecteur, cela va entraîner la suspension consentie de l'incrédulité et le lecteur suspendra son jugement concernant l'impossibilité de l'existence d'une telle fiction.

Ce processus est donc le fait d'accepter de vivre une expérience de fiction que l'on sait impossible. Cependant, il est important que l'oeuvre reste cohérente. En effet, les univers de fiction mettent en place des règles, et il est très important de s'y tenir concernant leurs univers sinon il peut y avoir une rupture de la suspension consentie de l'incrédulité. C'est un accord implicite entre l'auteur, l'oeuvre et le spectateur.

Ce phénomène mental se rapproche énormément du terme Epochè. En philosophie ce terme désigne la suspension de jugement, longtemps utilisé par l'école des sceptiques. Il sera plus tard réutilisé en psychanalyse pour définir le processus mental qui va permettre à l'inconscient de naviguer dans les rêves, fantasmes et hallucinations.

Cependant, le processus mental de suspension consentie de l'incrédulité peu entraîner une dérive. Celle du syndrome du vrai croyant. Selon le mouvement des sceptiques contemporains, il décrit une croyance irrationnelle dans des phénomènes paranormaux, de l'existence extraterrestre et ce, malgré l'absence de toute preuve rationnelle.