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Les Courts-métrages: Make It Soul

Make It Soul

Jean-Charles Mbotti Malolo | 2018 | France

Durant l’hiver 1965 à Chicago, le Regal Theater accueille deux monuments de la soul, Solomon Burke et James Brown. La concurrence se fait alors sentir entre ces deux stars sous un fond d’enjeux sociaux et politiques.


Make It Soul, nommé au César 2020 du Meilleur Court-Métrage d’animation, n’est pas seulement une œuvre qui rend hommage à Solomon Burke, James Brown et à la soul music en général, mais bien une œuvre qui expose le pouvoir que peut donner la culture, notamment la musique, pour une cause sociale et politique telle que la ségrégation raciale.

Nous pouvons voir, dès la scène d’ouverture, Salomon Burke être témoin d’une agression envers un couple afro-américain dans les rues de Chicago tout en écoutant à la radio la mort d’un autre artiste noir. Le court-métrage expose donc tout de suite un paysage raciste dans lequel va se dérouler l’intrigue.


À première vue, cette œuvre est visiblement très joyeuse avec en fond de la musique caractérisée par des couleurs très vives, mais la réalité est toute autre. Un contraste prend place entre le physique de l’œuvre et ce qu’elle raconte. Le dehors semble dur et froid alors que la soul amène de la chaleur et de la lumière. Ce genre musical est alors représentée comme un moyen d’échapper à la dure réalité. En effet, le couple qui s’est fait agressé se retrouve au théâtre totalement heureux de voir Solomon Burke, comme si l'agression n’avait pas eu lieu. La lumière émane alors des sonorités et fait disparaître le racisme dont est victime la population afro-américaine.

Le contraste entre ce que provoque la musique et sur ce qu’il se passe dehors se retrouve aussi entre les coulisses et la scène. Lorsque James et Solomon se retrouvent face au public, la lumière et la gaieté englobent tout, alors que lorsque nous nous retrouvons dans les coulisses, le stress, la peur et les souvenirs sur la manière dont est traitée la population noire sont de nouveaux présents et entachent la relation entre nos 2 stars.

Ce qui est d’autant plus surprenant dans ce qui semble être un combat d’égo, c’est que ce soit une femme afro-américaine qui élève le sujet de cette concurrence à un niveau bien plus haut. Elle associe la musique à un art qui peut porter un combat social et politique dans une époque où la discrimination raciale et les droits civiques sont des sujets mis au second plan. Le court-métrage répond alors aux questions « Qu’est ce qu’un artiste ? » mais aussi « Qu’est ce qu’être un homme noir aux USA dans les années 60? ». La culture se présente donc comme un moyen de parole, de visibilité, un outil pour faire évoluer les mentalités et les libertés, comme source de rébellion face à l'oppression.

Cette œuvre merveilleuse, de part sa photographie avec ces couleurs vives, un dessin totalement assumé et une bande son énergisante, met l'accent sur le rythme et le son, mais aussi sur la danse avec une insistance sur la performance de James Brown. L’artiste est représenté comme une source d’évasion qui nous emmène vers la liberté grâce à sa manière légendaire de bouger. Lui qui veut se montrer et exister en tant qu’artiste dans une époque où il est quasi impossible de s’imposer lorsque l’on est afro-américain, réussi grâce à son talent. D’où le titre « Make It Soul » que Jean-Charles Mbotti Malolo traduit par « fais-le avec ton âme » ou « transforme-le avec ton âme » dans l’interview faite par Cinewax.


Make It Soul est un chef-d’œuvre ! Il propose un sujet malheureusement toujours existant à travers deux légendes de la musique, avec pour décor des couleurs qui caractérisent la liberté et la volonté de changement qui découlent du talent de James Brown. Un hommage à la culture et à son pouvoir de faire exister des causes et des sujets importants aux yeux du monde entier.


Court-métrage à voir absolument, même si vous n'êtes pas fan de la soul music !


-Léna Vadcar-

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