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TARANTINO - La douce violence du Mashup




Né le 27 Mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, le jeune Tarantino découvrait, du haut de ses dix ans, une passion dévorante pour le cinéma avec le second mari de sa mère, Curtis Zastoupil.


Marqué par la performance visuelle des films Délivrance et La Horde Sauvage, il s’intéressera ensuite aux films de la Blaxploitation et aux films d’arts martiaux. Quelques années plus tard, il travaillera en tant que projectionniste au sein d’un cinéma porno, avant de suivre les cours d’art dramatique de Mr. Allen Garfield.


Passant le plus clair de son temps à remanier les dialogues de ses pellicules préférées, Tarantino prendra vite conscience de ses talents de scénariste. Il abandonne alors l’école à 16 ans, enchaîne les petits boulots, et rencontre Roger Avary, avec lequel il écrira l’ossature du scénario de True Romance et de Tueurs nés, projets finalement cédés pour quelques milliers de dollars.


Déçu de ne pas avoir pris part à la réalisation de ces deux films, Tarantino écrira en Octobre 1990 et en trois semaines, le script de Reservoir Dogs. S’entourant de nouveaux acteurs mais prometteurs (Tim Roth, Steve Buscemi), le film sera projeté au festival de Sundance en Janvier 1992, puis au festival de Cannes (hors compétition), et marquera le début d’une renommée mondiale pour le réalisateur.


« Little Green Bag » :


Avec Reservoir Dogs, Tarantino signe d’une griffe particulière son cinéma. Un dialogue banal concernant le pourliche laissé à la serveuse, suivi d’une poursuite sanglante entre malfrats et forces de l’ordre, un décalage perturbant « image-son » avec la scène culte de torture du flic sur un titre de Stealers Wheel, Stuck in the middle with you, mais également la structure narrative non-linéaire, feront naître la marque de fabrique Tarantino. Le film aura par ailleurs une énorme influence sur le cinéma indépendant.



« Misirlou » :


Internationalement plébiscité, récompensé par la Palme d’Or au festival de Cannes de 1994, Pulp Fiction s’inscrit, pour beaucoup, comme le chef d’œuvre incontesté de notre réalisateur et établit définitivement sa réputation.


Tatoué par ses attachements filmiques, Tarantino présente un film non-conventionnel, inspiré des « Pulp Magazines », connus pour leur violence graphique et leurs dialogues incisifs. Le mashup de styles cinématographiques commence à pointer le bout de son nez. Butch Coolidge (incarné par Bruce Willis), hésitera longuement entre le marteau, la batte de baseball, la tronçonneuse, pour enfin choisir le katana afin de sauver Marcellus Wallace (interprété par Ving Rhames), initialement lancé à la poursuite de Butch pour une sombre histoire de pari. Le western spaghetti et le chanbara sont d’emblée mis en lumière.


Ce katana, choisi avec précaution, symbolise les inspirations du cinéma d’arts martiaux, que Tarantino affectionne particulièrement depuis son enfance, et emmène le spectateur dans son patchwork artistique.



« Midnight Confession » :


Hommage aux films de la Blaxploitation, et première adaptation de roman à l’écran par Tarantino, Jackie Brown met en scène une bande de gangsters affalés dans leur canapé, armés jusqu’aux dents, néanmoins pourvus d’un romantisme affiché surprenant le public.


Des dialogues nonchalants et surréalistes contrastant leurs activités illégales, ce troisième opus de la saga Tarantino vient pourtant mettre en parenthèses la folie des deux premières réalisations.


Très controversée, la pellicule sera soit considérée comme un chef d’œuvre social, soit comme un relâchement dans le dynamisme du réalisateur. Mais c’était sans compter sur l’apparition, 6 ans plus tard, de deux monstres cinématographiques Kill Bill Vol. 1 & 2.




« Bang Bang » :


Béatrix Kiddo, ancienne assassin pour le compte de Bill, enceinte et répétant sa cérémonie de mariage dans la petite chapelle de Two Pines, se fait froidement tuer d’une balle en pleine tête par ses anciens « partenaires ». Plongée dans le coma, elle finira par se réveiller, animée par une vengeance aussi brutale qu’inarrêtable.


Les deux volets de Kill Bill nous offrent un melting-pot fabuleux, entre western spaghetti, film de kung-fu, chanbara (film de sabres japonais), gore, film épique et manga.


Tarantino joue avec les clichés, usant de plans séquence, du noir et blanc, de gros plans, de dessins, le tout accompagné par une bande-son toujours décalée mais collant parfaitement à la scène exposée.



« Down in Mexico » :


Dans le diptyque Grindhouse, Boulevard de la Mort et Planète Terreur (réalisé par son ami Robert Rodriguez) furent deux films rendant hommage aux séries B des 70’s et aux films d’exploitation. Ces deux pellicules devaient être, à l’origine, séparées par de fausses bande-annonce, dont celle de Machete.


Une nouvelle fois, le film réalisé par Tarantino est sujet à de nombreuses controverses. D’une part, les spectateurs attendaient avec impatience un moment de cinéma aussi jouissif que les volets Kill Bill. Ces derniers se plaignant d’un féminisme trop exacerbé, et de dialogues trop longs, sans intérêt.


D’autres reconnaîtront dans Boulevard de la Mort les nombreux clichés de série B et de films d’exploitation, les replongeant dans une nostalgie qu’ils ne pensaient trouver sur grand écran.



« The Verdict (Dopo La Condanna) » :


Qu’arrive-t-il lorsque Q.T décide de réécrire l’histoire de la WW2 ? Inglorious Basterds met en scène un commando de soldats juifs menés par le Lieutenant Aldo Raine, incarné par Brad Pitt) envoyés en France pour éliminer le plus de nazis possible, la vengeance d’une jeune juive, Shoshanna Dreyfus (Mélanie Laurent), et la traque d’un colonel SS aussi fourbe qu’impitoyable, Hans Landa, magistralement interprété par Christoph Waltz.

Nous retrouverons les codes du western spaghetti, appliqués au film de guerre. Les Douze Salopards, Quand les aigles attaquent, et les Canons de Navarone ont énormément inspiré la réalisation du film uchronique.



« Unchained » :


S’attaquer à la sombre période de l’esclavage, il fallait oser. Nous sommes en 1858, et Django (Jamie Foxx) esclave libéré par le Dr. King Schultz (Christoph Waltz), partent à la recherche de Broomhilda, achetée par Calvin Candie (Léonardo Di Caprio), dans l’espoir de la libérer.


Intrépide, sanglant et stylistiquement audacieux, Django Unchained s’inspire du western spaguetti de Sergio Leone. Amoureux des mélanges, Tarantino n’hésitera pas à intégrer un son inédit lors de la plus violente scène du film, le mashup Untouchable de Tupac Shakur et The Payback de James Brown.


En France, le film dépasse les 4 millions d’entrées, et devance Inglorious Basterds ainsi que Pulp Fiction.



« L’ultima Diligenza di Red Rock » :


« Qu'est-ce qui se passerait si je tournais un film avec seulement ces derniers personnages ? Pas de héros. Juste un groupe de méchants dans une pièce, se racontant tous des histoires qui peuvent être aussi bien vraies que fausses. Enfermons ces gars ensemble dans une pièce avec un blizzard à l'extérieur, donnons-leur des flingues, et voyons ce qui se passe. » déclarait notre réalisateur à l’Ace Hotel de Los Angeles.


Deuxième western assumé de Tarantino, Les 8 Salopards est l’exemple type du film « cuisiné ». Une entrée glaciale introduite dans chalet malmené par la tempête, suivie d’une viande « bleue » et son accompagnement empoisonné, un dessert rouge sang sur lit de révélations, le tout servi par un Chef appréciant les banquets chronophages.


Tarantino étire le temps, pousse le suspense à son paroxysme, fait siffler une cocotte-minute qui nous éclate à la figure au dernier moment, et nous laisse déguster ce scénario vengeur, devenu l’une de ses spécialités.



« A table ! »

« Dinamite Jim » :


1969, année érotique. A Hollywood, dans un pays bouleversé par la guerre du Viêt-Nam et le mouvement Hippie, le cinéma classique hollywoodien se fait enterrer par l’avènement du « Nouvel Hollywood » mettant en scène des sujets jusqu’alors tabous et interdits par le Code Hays comme la violence ou la sexualité.


Rick Dalton (Leonardo Di Caprio), et sa doublure Cliff Booth (Brad Pitt), assistent impuissants au déclin de leur cinéma et tentent de relancer leurs carrières. Parallèlement, les disciples de Charles Manson (Damon Herriman) préméditent l’assassinat de Sharon Tate (Margot Robbie).


Véritable mise en abîme, Tarantino propose un « cinéma du cinéma », en respectant les codes et techniques l’ayant élevé au rang de réalisateur incontournable.


Le mashup, presque rendu naturellement dans cette œuvre, des films d’arts martiaux (avec l’apparition de Bruce Lee), du western spaghetti (lors d’un dialogue déroutant entre Rick Dalton et une enfant pleine de jugeotte avant le tournage d’une scène de western), de l’actualité de l’époque (illustrations du mouvement hippie, du nouvel Hollywood, des actions menés par les disciples de Manson), et du film de guerre (notamment dans les clips d’un Di Caprio transformé en chasseurs de nazis), emmène le spectateur dans l’univers décalé de Tarantino.



« You’ll be a Woman soon » :


Réalisateur controversé, encensé comme descendu par la critique, Tarantino brille d’une technique scénaristique et technique, nous imposant systématiquement un dépucelage cinématographique et culturel qu’aucun ne pourra nier.


Du pop-corn movie au film culte, Q.T adapte sa réalisation et son écriture à ses envies, restant fidèle à ses affections cinématographiques, propulse le public dans la Tarantinosphère et s’autorise le plaisir d’être décrié, convaincu et profitant d’une vérité indiscutable : « Que l’on parle de mon œuvre en bien ou en mal, on en parle. »



Signé "Le Charlot"

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