Adapter une œuvre littéraire en série : du livre au petit écran
- Erica Farges
- 7 mai 2021
- 4 min de lecture

Source : lithub.com
Game of Thrones, Gossip Girl, Killing Eve, Mindhunter, The Handmaid’s Tale, 13 Reasons Why, Westworld, Unorthodox, Pretty Little Liars, Le Jeu de la dame… La liste des séries et mini-séries inspirées d’une œuvre ou d’une saga littéraire ayant rencontré un grand succès auprès du public et/ou de la critique est interminable. Avec un nombre croissant de nouvelles séries au cours des années qui ont précédé la pandémie, les histoires, qu’elles soient vraies ou imaginaires, racontées dans les livres sont devenues une source d’inspiration précieuse pour leurs créateurs. Pourtant, le procédé de s’inspirer d’une œuvre littéraire pour réaliser une œuvre audiovisuelle remonte aux premiers moments de l’Histoire du cinéma, alors que le film muet est encore à son apogée. Parmi les premiers longs-métrages qui ont amené l’univers fictif d’un écrivain dans les salles obscures, on retrouve Cendrillon (1899) de Georges Méliès basé sur le conte éponyme de Perrault. Puis, toujours réalisé par Méliès, Le Voyage dans la Lune (1902) pour lequel le cinéaste s’inspire de De la Terre à la Lune de Jules Verne et de Les Premiers Hommes dans la Lune de H.G. Wells. Vers la même époque, les spectateurs ont l’occasion de découvrir une version muette d’Alice au pays des merveilles (1903), inspirée du roman éponyme de Lewis Carroll et réalisée par Cecil Hepworth et Percy Stow. Du cinéma indépendant aux blockbusters à gros budget, la littérature n’a depuis jamais cessé d’inspirer tous les registres cinématographiques, donnant parfois lieu à des chefs d’œuvres du septième art. Mais qu’en est-il lorsqu’on parle de séries ? Qu’implique exactement la démarche de faire une telle adaptation ?
Adaptation filmographique vs. adaptation en série : quelles différences ?

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Ces deux types d’adaptation ont en commun de transformer une histoire qui fait appel à l’imagination des lecteurs pour se construire en un récit visuellement stimulant. La différence la plus évidente entre ces deux formes est scénaristique. En effet, le format série présente l’avantage de laisser plus de temps pour reprendre l’ensemble de l’intrigue, ou de la développer dans le cas où il ne s’agit pas d’une adaptation fidèle, par rapport à un film d’environ deux heures. Avec une équipe qui est normalement plus grande, il est très courant de voir des séries où chaque épisode est réalisé et écrit par des réalisateurs et scénaristes différents, elles permettent davantage de diversité dans l’expression de la créativité. Cependant, cette hétérogénéité dans la création est à double tranchant. En effet, elle peut faire que la série s’éparpille trop et n’arrive donc pas à totalement séduire les spectateurs.
Qu’est-ce qui fait une bonne adaptation en série ?
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Souvent, la qualité d’une série repose principalement sur une écriture de personnages et une élaboration de son identité visuelle la distinguant des nombreuses séries qui sortent chaque année. Bien sûr, le scénario a
également son importance. Mais, l’objectif étant de nous donner envie de continuer la série, l’intrigue est plus susceptible de nous accrocher si elle se centre sur l’évolution des personnages. Ainsi, un livre ou une saga qui les met au premier plan de son histoire semble plus propices à donner une bonne adaptation en série. C’est ce que l’on a remarqué avec le succès des mini-séries Le Jeu de la dame et Unorthodox, qui se basent respectivement sur un roman et une autobiographie, au moment de leurs sorties sur Netflix. Pour prendre l’exemple d’une série plus longue, nous pouvons citer The Handmaid’s Tale, adapté du roman éponyme de Margaret Atwood. L’adaptation de cette dystopie qui suit principalement le personnage de June, interprétée par Elisabeth Moss, dans un États-Unis imaginaire où s’est imposé un régime totalitaire et qui entame déjà sa quatrième saison, est désormais une référence et a remporté plusieurs récompenses prestigieuses. Même le succès rencontré par Game of Thrones à l’époque de sa première diffusion est en grande partie dû à l’importance qu’on prit les personnages, presque tous rattachés à une maison royale. Quel fan ne s’est jamais demandé quelle était la sienne ? Ou s’il/elle était plutôt une Arya, une Daenerys, un Jon, une Sansa, une Margaery, un Tyrion ou une Cersei ? Il faut également rappeler que les spéculations sur les futurs épisodes dans les cercles de fandom tournaient principalement autour du sort des personnages. Ce sentiment d’appartenance et de trouver une identité à travers son histoire que Game of Thrones a créé chez les spectateurs a certainement contribué à conquérir un public très vaste pendant huit saisons.
Quel avenir pour l’adaptation des œuvres littéraires en séries ?

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Deux ans après la fin de la série au succès mondial inspirée par la saga de George R. R. Martin, les showrunners semblent vouloir trouver celle qui va la succéder. Outre House of the Dragon, son spin-off, on voit éclore plusieurs projets d’adaptations de romans fantastiques ou d’heroic-fantasy en série, dont certains sont très ambitieux. Parmi eux, des adaptations de Le Seigneur des anneaux et de La Roue du temps pour Prime Video. Tandis que d’autres séries inspirées par des œuvres de ce genre littéraire, telles que Shadow and Bone sur Netflix ou His Dark Materials de BBC One, ont déjà fait des démarrages prometteurs. Si les séries adaptées de la littérature fantastique vont sans doute occuper une place importante dans les sorties des prochaines années, on peut penser que les autres registres ne seront pas pour autant laissés de côté afin de s’adapter aux goûts divers des spectateurs.
-Erica Farges (insta : @erica_lilaaa)-
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