Botero Pop : L'interview
- Le Poulpe
- 9 déc. 2019
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 août 2020

Bonjour Botero, C’est comme ça que je doit t’appeler?
Bonjour, moi c’est Laurent en fait. Ou LoMoPs sur les internet. Mais si quelqu’un crie Botero dans la rue, je me retourne bien sûr.
Et lui (le personnage) a-t-il un nom ?
C’est lui Botero du coup. Botero Pop, c’est mon nom d’artiste. Ça devient même un verbe : Boteriser - Définir un personnage par le plus simple de ses accessoires identificatoires.
Comment t’es venue l’idée de ce petit personnage ?
S’embêter en cours durant le lycée a finalement du bon, laisser aller son crayon à des gribouillis dans les marges. Il est ensuite resté bien 25 ans au chaud, en sommeil, et au détour d’une conversation , hop il est réapparu !
Et sans faire gaffe, j’ai ouvert un compte Insta, juste pour rire. Des likes sont apparus, je ne sais pas trop d’où. J'avais bien une dizaine de personnages en tête, alors je me suis lancé le pari fou d’en faire un par jour durant un an. C’est après avoir épuisé cette première dizaine, que je me suis aperçu de ma bêtise, que ça n’allait pas être si simple que ça, mais bon c’était parti, il fallait assurer maintenant.
C’est plusieurs personnages ou un seul qui se déguise ?
C’est bien toujours le même, mais il change d’accessoires. Ainsi, il devient celui en qui il se déguise, en prenant avec lui ses pouvoirs au passage.
Fais le test. Mets une cape rouge, et immédiatement et sans besoin de rien de plus, tu te prends pour Superman.
Pourquoi cet aspect avec un si grand chapeau ?
A l’origine du tout début du commencement, c’était plus un sombrero et sur son corps un poncho. Très sud américain quoi, d’où aussi le nom d’origine : Botero. Et puis, un bout d’origine bretonne a du aussi infuser un peu là dedans je pense.
25 ans de sommeil après, il s’est fluidifié, simplifié. Et il est bien mieux ainsi.
Y a-t-il une signification au fait qu’il n’a pas de visage ?
Non, si ce n’est celles que l’ont pourrait coller sur les significations potentielles concernant un ado fan de pop culture dans un monde de grands :-)
Il faut aussi regarder la version Botero de l’homme invisible pour se rendre compte d’une autre explication possible, plus freudienne.
Et puis, je suis nul en dessin il faut bien l’avouer. Ce qui a son charme certes. Les enfants font des Botero aussi bien que moi, voir mieux, et c’est bien cool cette accessibilité de l’art.
Donc ici, le concept devient plus fort que la technique.
Pas d’émotion du coup ?
J’espère bien que si ! J’espère que les émotions ne passent surtout pas que par le visage.
Une posture, une mémoire, une madeleine de Proust, un contexte, l’explication qui va avec, le trait fébrile … tout ça y participe
Y a-t-il un message derrière le personnage ?
Le but premier est, d’une de me marrer, de me faire plaisir avant tout et but ultime, de décrocher un sourire aux gens. Aussi bien sur Instagram que dans la rue.
Après, oui il y a, une deuxième lecture.
Redorer la culture pop qui est souvent décriée. Or elle raconte exactement ce que raconte la culture classique. Ce sont les mêmes histoires depuis que l’homme est homme. Des trahisons, de la rédemption, des quêtes … C’est bien pour cela que l’on peut toujours dire que Shakespeare est toujours d’une incroyable modernité. Mais pour le coup, c’est plus accessible dans sa version pop.
Et je m’aperçois que beaucoup de jeunes (de mes étudiants en com par exemple) sont pas mal défaillants sur ce sujet. Du coup, ils passent à coté de pleins de choses ne captant pas ces références. Sinon, le côté non genré du personnage, m’intéressant beaucoup. On ne sait pas s’il est un homme ou une femme. Il porte comme une grande robe quand même. Et il est simple de s’apercevoir que la pop-culture est assez masculine. Etant papa, entre autres, d’une petite fille, je vois bien que son identification à des personnages féminins n’est pas si simple. Une fois épuisé Wonder Woman, il n’y a plus forcément grand chose. (et autant éviter Tom Raider, car elle a été clairement désignée par un gars frustré au fond de sa cave).
Tu maîtrises toutes les références que tu fais ?
Oh oui bien sûr ! 40 ans de culture pop accumulée sans but précis, pour le plaisir, et puis finalement si. Alors je ne suis pas forcément expert en tout, je redécouvre des petites anecdotes et autres. Mais oui, je les connais tous et je les aime presque tous.
Comment tu décides de l’habillage de l’un de tes personnages ?
En fait, c’est un process assez particulier, lié aux contraintes que je m’impose. Pas de visage, pas de lunettes, le moins possible de vêtements … vraiment juste l’accessoire.
Donc, pour illustrer ça au mieux, le meilleur exemple serait : je me mets dans la position dans laquelle je devrais me déguiser de façon la plus minimaliste possible, pour une soirée à laquelle je ne voudrais pas aller quoi. Donc, le moins de boulot possible mais que ça fonctionne quand même.
Tout épurer pour qu’idéalement, il ne reste qu’un seul accessoire et rien d’autre.
Mais que pour autant on soit bien sûr que ce soit celui-là et pas un autre.
Par exemple, les sportifs sont complexes à faire. Le cas de Mickael Jordan par exemple. Un ballon de basket forcément, mais du coup lequel des basketteurs ? Donc, je lui rajoute Bugs Bunny, pour faire penser à Spam Jam. Ça marche dans ce cas. Mais pour Magic Jonhson bah rien.
Rien ne distingue non plus, Zidane de Platini, en termes d’accessoires.
Toute la période Hanna Barbera est complexe aussi par exemple.
Mais il reste un sacré terrain de jeu tout de même.
Donc devant l’apparente simplicité du résultat final, il y a pas mal de boulot au final.
Déposer tes oeuvres dans la rue les rend de fait éphémères ?
Oui de fait, des fois tellement éphémères qu’elles sont même enlevées par la police ou la ville, avant même d’être correctement posées.
Après c’est aussi sympa de se promener en ville et de passer les voir, si les collages sont encore là, s’ils sont dégradés ou pas. Comme repérer de nouveaux endroits. Ça change pas mal ma perception de la ville.
Ça t’attriste ou c’est le but ? Instagram les rend donc immortelles ?
Ni l’un ni l’autre, c’est le jeu surtout, on connaît les règles. Moi je trouve que ça donne un coté urgence. Instagram ne les rend pas grand chose non plus. C’est surtout les versions papier qui les rendent vraiment présents et là !
On a presque envie de tous les collectionner ou de tous les trouver comme des Pokémon, du coup est-ce qu’il y a des Botero (ou nom du personnage) légendaires (rares) ?
Dans mes collages en ville oui. Car en fait, je fais en sorte des les coller en fonction de leur environnement. Mickael Jordan chez FootLocker, un Pickachu sur un bloc électrique et cie …. donc certains ne finiront probablement jamais dans la rue faute de lieux qui peuvent les accueillir.
Y a-t-il un préquel à Botero (ou nom du personnage) ou c’est ta première expérience de street art ?
Première expérience artistique tout court. Première fois où j’ose montrer mon travail, donc me montrer. Première fois où je fais le gentil rebelle dans la rue.
Donc, premier jet retenu depuis longtemps qui du coup explose dans tous les sens maintenant.
Tu as toujours baigné dans la pop culture ou c’est arrivé plus tard ?
Toujours et encore même. Je ne pensais même pas que ça aurait pu me servir un jour. Mais comme quoi.
Est ce qu’il y a un personnage de la pop culture que tu n’aimes vraiment pas et qui n’aura jamais son adaptation en Botero ?
Certains où j’ai moins d’affect bien sûr, mais pas un que je déteste. Enfin, si genre celui qui gagne la guerre dans The man on the hight castle (je l’écris ainsi pour préserver ton référencement naturel google)
Tu as quelques pistes pour le prochain ?
Même après plus de 300 différents oui.
Honnêtement ça se complexifie quand même pas mal, mais j’ai encore de la marge. Donc aussi bien en termes de personnages qu’en termes de types de supports … donc bientôt quelques nouveautés rigolotes j’espère.
Interview pop culture :
Si tu devais choisir un seul... Et expliquer pourquoi
Un Pokémon : Grotadmorv bien sûr, mon préféré des préférés ! C’est incroyable de pouvoir faire un truc pipi caca qui ne soit pas du tout pipi caca. Ça confine au génie.
Un Jedi : Obi-Wan Kenobi. A cause d’Eric Kahane. C’est le premier traducteur français du premier film de 1977. Et c’est un euphémisme que de dire qu’il s’est lâché question traduction des noms. Mais en plus de ça, il a amené un langage désuet de vieux Français des plus poétique. Donc cette scène où Luke, Obi-Wan, Z-6PO et D2-R2 arrivent à Mos Eisley et Obi-Wan lâche cette phrase « Cette ville est le repaire...des malandrins les plus infâmes de ...toute la galaxie...il faut être prudent. » Malandrins ! Priceless total ! Un charme fou ! en plus Alec Guinness quoi.
Une chanson de Bowie : Bowie est une oeuvre complète ! donc l’oeuvre complète de Bowie.

Un Slaher des années 80 : Massacre à la tronçonneuse ! C’est le Die Hard des Slaher. Il a redéfini les codes du genre.

Un super héros Marvel : Spiderman, dans sa version dessin animé et surtout sans lui enlever la chanson version cours de récré « l’araignée, l’araignée est tombée dans la purée … attention l’araignée est là »

Un super héros DC : Batman, dans les films de mon enfance, ceux des années 80-90. Avec la batdance de Prince, Freezer avec Shwarzy, Le Joker avec Mister Nickloson
Un joueur du SCO d’Angers : Le problème c’est que Charles Diers ne l’est pas encore, pop, mais il le deviendra bientôt avec la #LaDalleAngevine. Donc Raymond ! La France a trois grandes légendes : lui, Patoche et Zizou. Ballon d’or, symbole d’intégration et créateur des jus d’orange Kopa.
Et puis j’ai tellement milité pour que notre stade Angevin porte son nom

Un James Bond : George Lazemby … Nan je déconne :-) Sean Connery of course. Aucune discussion possible.
Un pixar : Cars. Mes enfants ont du le regarder 150.000 fois. et c’est juste après cette 150.000 millième fois que tu t’aperçois au final que ce ne sont pas de vraies personnes mais bien des voitures tellement c’est bien fait.
Un Sketch de Mr Bean : J’aime bien Mister Bean forcément. Mais quitte a choisir je le préfère dans Vipère noire.
Une maison de Game of Thrones : Considérant que pour moi, c’est un remake de Dallas avec des dragons à la place des barils de pétrole. Chaque maison de GOT fait un personnage de Dallas. Donc au final, ils font tous partie de la même maison, des Ewing. Juste une grande histoire de famille où tout le monde se bat pour le pouvoir. Un truc vieux comme le monde.
Un dessin animé de ton enfance : Cobra, sans hésitation.
C’est le plus français des mangas. Terasawa c’est fortement inspiré de Delon pour la version Jonhson et de Bebel pour la version Cobra.
Plus le Psychogun.
Mon rêve, m’enfermer une semaine hors du temps. Tout revoir plan par plan. C’est dingue ce qu’on y retrouve comme références. Dans le triple épisode de Rugball, on y croise Han solo en arrière plan dans un bistro et plein de beau monde dans les gradins . Et en écrire le livre ultime le concernant.
Un Hobbit : J’ai eu beaucoup de chance en sixième d’avoir une prof de français qui nous a pris Bilbot le Hobbit comme livre fil rouge de l’année. Je l’ai dévoré et je crois que ça m’a pas mal marqué. Donc Bilbo.
Une Sailor : Moon, la lune toussa toussa
Allez dévorer ses oeuvres : https://www.instagram.com/botero_pop/
Comments