ENOLA HOLMES

« Tu auras toujours le choix. Quoi que la société puisse prétendre, tu es un être libre... » Sherlock Holmes

3 ans après la fin de la série Sherlock imaginée par Mark Gatiss, Steven Moffat et Stephen Thompson, l’illustre personnage de Conan Doyle revient sur les écrans. Au départ créé par Arthur Conan Doyle dans un but purement alimentaire, afin de subvenir aux besoins de sa famille, Sherlock Holmes est rapidement devenu vedette, excepté aux yeux de son créateur qui peu à peu se mit à le détester. Mais sans le savoir, Conan Doyle créa, avec le personnage de Sherlock Holmes, une légende. De nos jours, un Britannique sur cinq pense que Sherlock Holmes a réellement existé et après 2 films (2009, 2010) où il fut incarné par Robert Downey Jr, une série de 4 saisons (2010-2017) où il fut cette fois-ci incarné par Benedict Cumberbatch, l’illustre Sherlock Holmes fait son entrée chez Netflix qui, cette fois-ci, met en avant la petite sœur du célèbre détective, Enola Holmes.

Sorti le 23 septembre 2020 sur la plate-forme, Enola Holmes, réalisé par Harry Bradbeer, fut scénarisé par Jack Thorne, d’après l’oeuvre de Nancy Springer. Illustré par les musiques de Daniel Pemberton, ce film d’aventure / policier et historique de 2 heures, est plein de promesses avec pour casting Millie Bobby Brown (Enola), Henry Cavill (Sherlock), Sam Claflin (Mycroft) et Helena Bonham Carter (Mrs Holmes). L’histoire se déroule en 1900 et Enola, à l’aube de ses 16 ans, veut retrouver sa mère disparue. Mais l’arrivée de ses frères qu’elle voit peu, Sherlock et Mycroft, complique ses plans lorsque ce dernier veut l’envoyer dans un pensionnat de jeune fille. Le film, reposant principalement sur la résolution d’énigmes, inclus le spectateur dans l’histoire. En effet, les personnages interagissent avec la caméra et celui qui regarde le film, par le biais de regards caméras, invitant le spectateur dans sa réflexion et le conviant à résoudre chaque énigme.

Mais le sujet principal du film, posé dès les premières minutes, reste la place de la femme dans la société et les relations hommes/femmes. Avec ce film, Netflix décide de traiter un sujet plus qu’actuel et pourtant d’époque. L’histoire nous présente très vite une jeune femme, Enola, ayant reçu de sa mère une éducation à l’opposée de celle inculquée aux jeunes filles du XIXème siècle et se rapprochant plus de l’éducation donnée aux garçons de l’époque (sport, sciences, littérature...). Et c’est sur cette opposition entre deux mondes que tout repose, d’un côté des personnes qui souhaitent voir le monde et la condition des femmes évoluer, de l’autre, des gens plus intransigeants sur les traditions qui ne souhaitent pas voir la société évoluer dans ce sens.

Idolâtré par sa petite sœur, Sherlock Holmes apparaît comme quelqu’un d’humain, compréhensif et ayant une réelle affection pour Enola, nous rapprochant du personnage et contraire au sociopathe décrit habituellement dans les œuvres ayant précédé ce film. C’est également Sherlock qui rappellera à Enola l’existence de son compagnon en pomme de pin, Dash, clin d’œil à la Reine Victoria, elle-même en décalage avec les codes sociaux du monde qui l’entourait. Opposé à lui, et au reste de sa famille qu’il supporte comme étant un fardeau, Mycroft Holmes. Exigeant, antipathique, avare et vieux jeu, il considère Enola comme une marionnette fragile et mal éduquée qu’il faut remodeler afin d’en faire une jeune fille respectable. Mais loin de se laisser diriger par son frère, cette dernière va fuir la maison familiale pour résoudre l’énigme offerte par sa mère. C’est sur le chemin jusqu’à Londres qu’elle rencontrera et sauvera le Vicomte de Tewkesbury, récemment nommé à la chambre des Lords et aux idées à l’opposées de celles de Mycroft, souhaitant faire évoluer le monde en faveur des femmes, notamment en leur accordant le droit de vote. Plus courageuse que lui, Enola le fera grandir et leur relation fera revenir sans cesse le sujet principal du film. Au départ, la jeune femme ne voit en lui qu’une énigme de plus à résoudre mais finit par se lier peu à peu d’amitié avec lui, grandissant à son tour.

@PhelpsTravels