Quelle est la situation du cinéma en France et pourquoi devrions-nous rouvrir les salles ?
- Le Poulpe
- 17 févr. 2021
- 3 min de lecture

Nous arrivons petit à petit à la seule période de l’année où cinéastes, critiques et spectateurs coïncident. Et c’est pour essayer de prédire les résultats des différents prix, qui se déroulent aux débuts de chaque année. Evidemment, sans cinémas et sans tous les films qui étaient programmés, cela risque fort d’être compliqué. Mais on se dit qu’on devra faire avec ce qu’on a, et en avant !
Malgré une année 2020 accidentée qui a forcé le report de beaucoup de films, les festivals et les académies d’arts audiovisuels se battent déjà pour proposer des nominés méritoires et des sélections intéressantes. Les Oscars planifient dès maintenant un palmarès divers, marqué par des films Netflix et des films pro-BlackLivesMatter. Et les Césars du cinéma essaieront peut-être de se rattraper, suite à la polémique autour de Roman Polanski de la dernière édition.
Mais dans le monde du cinéma tout a bousculé. Et prédire quoi que ce soit sera très difficile. Surtout parce que, à cause de la fermeture des salles, nous n’avons pas eu un accès correct à l’offre déjà assez réduite de long-métrages de la terrible année 2020.
Presque un an entier s’est écoulé depuis l’arrivée du virus en France, et nous commençons à voir les conséquences de la pandémie. En effet nous ne pouvons pas prédire le futur de notre cinéma, mais heureusement nous pouvons déjà commencer à comprendre le présent.
La situation en France
Nous nous retrouvons face à une situation très particulière. L’année 2019 a marqué un tournant avec la fréquentation des salles la plus élevée depuis 2011. Avec 213,3 millions d’entrées, nous avons aussi dépassé la barrière de 200 millions pour sixième année consécutive. C’était un panorama très encourageant.

Ce qui rend le contraste encore plus visible, car en 2020 nous n’arrivons même pas à 70 millions d’entrées, selon le CNC. Certes, le premier coupable de cela est le maudit Coronavirus, qui nous oblige à garder des distances et respecter des jauges réduites. Mais il faut retenir que les salles de cinéma ont été closes pendant 162 jours sur les 366 dans le calendrier. Presque la moitié de l’année !
Dans ce contexte, c’est évident que l’industrie du cinéma en France n’aura pas des belles statistiques. Comme tous les secteurs de l’économie et de la culture française d’ailleurs. Et pourtant, comparé à d’autres pays, on ne s’en sort pas si mal que ça. Nous avons donc le devoir de continuer avec courage et résilience pour éviter l’écroulement. Et pour être prêts à accueillir des jours meilleurs.
Nous sommes prêts !
Une bonne nouvelle s’inscrit quand même parmi tant d’autres plus pessimistes. Et c’est la hausse de fréquentation pour les films français, qui dépasse pour la première fois depuis 2006 celle des films américains. 44.9% contre 40.8%, selon le CNC. Evidemment c’est une conséquence du report des grands blockbusters américains comme le nouveau James Bond et le nouveau Marvel : Black Widow. Mais c’est tout de même une situation qui a encouragé les exploitants à miser sur les productions locales et européennes. Et malgré les contraintes, leur pari a payé.
Dans un article de leur dernière numéro dédié aux Crises, le magazine étudiant L’Écran explore la situation actuelle, notamment à Toulouse et à Bruxelles.
L’article « Cinéma et COVID : L’interview croisée » qui est disponible à partir de la page 17 du magazine, donne la parole aux représentants des cinémas de quartiers, des festivals incontournables et aux cinémathèques des deux villes.
Et à partir de ces propos, les deux autrices concluent que : « Les pays qui s’en sortent le mieux sont donc ceux qui ont une production locale, notamment de films d’art et d’essai : la France a en effet eu cette année de beaux succès comme Antoinette dans les Cévennes ou Tout Simplement Noir. D’autres pays européens sont plus impactés, comme le Royaume Uni, qui se trouve être très dépendant au cinéma américain, ou encore l'Espagne et l'Italie, qui produisent peu de films locaux. »

Je vous recommande vivement la lecture de ce numéro du magazine pour découvrir quelques témoignages courts et très intéressants sur la crise qui traverse le septième art en France. Et pour approfondir sur le sujet, je vous laisse ici un recueil de 44 lettres écrites par des artistes, concocté par la Maison Dulac Cinéma de Paris en décembre 2020.
Me voilà réconforté, on peut voir que tout n’est pas perdu. Le nombre d’entrées ascendant, pendant l’été et l’automne, démontre que les spectateurs faisaient de plus en plus confiance aux cinémas.
Aujourd’hui les exploitants assurent qu’ils sont toujours prêts à faire respecter les gestes barrières, pour rassurer d’abord les personnes et aussi le futur de leur établissement. Il ne manque qu’agir. Ouvrir les cinémas, les musées et les théâtres le plus vite possible sera la seule façon de limiter les dégâts. Et de démontrer qu’avec responsabilité, nous pouvons maintenir en vie la culture que nous chérissons tant.
César Noguera Guijarro
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