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Roi T’Challa : Pourquoi on ne l’oubliera pas



« Dans ma culture la mort n’est pas la fin, pour nous, c’est plutôt un point de départ » déclare Tchala (incarné par Chadwick Boseman) à Black Widow (Scarlett Johanson) dans Captain America : Civil War. L’acteur emblématique de Black Panther s’est éteint le vendredi 28 août 2020 des suites d’un cancer contre lequel il se battait en silence depuis quatre ans. L’occasion pour nous de faire un retour - qu’on aurait voulu faire bien plus tard - sur sa courte carrière pourtant déjà fournie de rôles forts et riches de sens. Car Chadwick Boseman ne fut pas simplement un acteur incarnant des personnages militant pour une cause juste, il était ces personnages.

Il suffit déjà de voir la pluie d'hommages qui lui furent rendus autant sur les réseaux sociaux (Omar Sy, Robert Downey Jr, Dwayne Johnson beaucoup d’autres ont publié le visage de l’acteur sur leur profil et le dernier tweet de Boseman est désormais le message le plus liké de tous les temps sur Twitter) que sur la scène sportive : le pilote d’automobile Anglais Lewis Hamilton après sa victoire ; le Gabonais d’Arsenal Aubameyang après son but contre Liverpool en finale du Community Shield ont célébré en croisant les bras devant leur torse, en hommage au roi du Wakanda. L’influence de Boseman a transcendé les frontières, a fait évoluer les mentalités et a été le déclencheur d’un souffle d’espoir dans le cinéma d'aujourd'hui, et surtout pour les communautés africaines dans le monde.


Il était un acteur charismatique mais surtout un symbole et cela même bien avant que son talent ne soit salué par le monde entier en 2018. Boseman était un représentant de l’héroïsme noir, un porte étendard de la communauté africaine dans le monde entier ; il l’a prouvé à multiples reprises en incarnant plusieurs figures emblématiques noires dans l’Histoire, la fiction et la pop-culture. On connaît tousBlack Panther, qui au-delà d’être un excellent Marvel, est le premier film du MCU à être consacré à un super-héros noir. Seulement Chadwick Boseman a aussi incarné dans 42 (Brian Helgeland, 2013) le joueur de baseball emblématique des années 40- 50 Jackie Robinson, premier joueur noir à jouer en niveau national. L’année suivante, Boseman interprète de nouveau un symbole afro-américain en endossant le rôle de James Brown, roi de la Soul et soutien de la lutte de Martin Luther King, dans Get on Up de Tate Taylor. Le rôle qu’il occupera dans le dernier Spike Lee (Da 5 Blood, 2020) ne sera probablement pas non plus anodin : le film aborde, par le prisme de l’histoire tragique des afro-américains, le sacrifice peu abordé de ces derniers lors de la guerre du Vietnam.

Chadwick Boseman était un acteur dévoué à sa profession (par exemple, il travailla des mois en amont du tournage de Black Panther pour apprendre les arts

martiaux africains et surtout réapprendre l’accent africain qu’il avait déjà commencé à travailler dans Message from the King avec un coach linguistique) et au rôle de modèle et d’exemple – peut-être à l’image d’un Denzel Washington à son époque – qu’il a accepté de porter auprès des Noirs et particulièrement des enfants qui ont su, en regardant Boseman, qu’ils avaient eux aussi le droit de briller.

Dans un contexte de retour du racisme très virulent, son importance était capitale : Chadwick Boseman incarne (dans Black Panther tout particulièrement) la grandeur d’une autre Afrique, pas celle que racontent nos livres d’Histoire ou notre actualité, faible et pillée, mais celle d’une Afrique forte, majestueuse fertile et prospère.

Son rôle de super-héros, Chadwick Boseman l’a tenu dans la vraie vie : il a choisi de ne pas parler de son cancer, déclaré quatre années plus tôt, en enchaînant les rôles tout en continuant de s’imposer une discipline musculaire et alimentaire stricte pour préparer Black Panther 2, initialement prévu en 2022. Boseman est décédé chez lui, à Los Angeles, entouré de sa famille, lui qui a incarné tant de légendes ces dernières années en est probablement devenu lui-même une, l’avenir nous le dira. 43 ans, cela semble si court, si cruel tant sa carrière fut brillante, on ne peut s’empêcher de rapprocher cette perte si brutale de la mort, six mois plus tôt, du basketteur Kobe Bryant – les deux hommes étaient d’ailleurs très proches. Mais au lieu de regarder ce que Boseman n’a pas pu faire et de regretter une carrière qu’il n’aura pas, regardons celle qu’il a eu et soyons reconnaissants de ce qu’il a pu faire et laisser pour le cinéma, pour notre monde, pour notre époque.

Et pour celui qui diffusait un message de paix, d’espoir et qui a joué le roi du Wakanda dans Black Panther, le Roi de la soul dans Get on Up et Mr. King dans Message from The King, l’analogie avec Martin Luther King n’est peut-être pas de trop, elle semble même légitime.

Repose en paix King, ton héritage ne sera pas oublié.


Merci à Cheik Ahmed Thani, Hendrick Joseph et bien d’autres pour leur point de vue précieux dans l’élaboration de cet article.

La Madeleine

 
 
 

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