Walk The Line, de James Mangold
- Le Poulpe
- 7 sept. 2020
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Les biographies des grandes icônes de la musique populaire du XXème siècle fonctionnent bien à Hollywood, et c'est normal : ces personnages, souvent interprétés par des acteurs populaires (Val Kilmer pour Jim Morrison ou encore Jamie Foxx pour Ray Charles), incarnent parfaitement nos fantasmes de rébellion, de vie à cent à l'heure, d'excès en tous genres et de gloire... Le Johnny Cash dépeint par James Mangold ne déroge pas à la règle : drogué, colérique, coureur de jupons infidèle à la mère de ses enfants... Tout est là pour faire de Cash un concentré de rock-star, symbole d'une libération des idées et des mœurs plutôt malvenue dans des années 50 pas vraiment progressistes. On regrette que, malgré une réalisation dynamique qui donne à l'époque du film une saveur indéniable (il faut noter un petit caméo sympathique du king Elvis), Walk The Line n'apporte rien de véritablement neuf au genre : traumatisme d'enfance et conflit paternel sont à l'origine des démons du héros, qui passe une audition miraculeuse qui semblait bien évidemment perdue d'avance, suivie d'un montage rapide grâce auquel on assiste à un succès fulgurant à grands renforts d'extraits de journaux et de concerts... La grande bonne surprise du film vient de Joaquin Phoenix, parfait en Johnny Cash tour à tour naïf, impulsif, amoureux, perdu, et de Reese Whiterspoon, qui (en plus de chanter merveilleusement bien) apporte une réelle sensibilité à June Carter, sans la surjouer. La véritable star du film, c'est leur histoire d'amour (on en arrive même à penser que toute la partie musicale du film n'est finalement qu'un prétexte), qui occupe toute la deuxième moitié de Walk The Line. Grâce aux interprètes, on suit la romance avec un plaisir un peu naïf mais bien présent jusqu'à son dénouement, et le réalisateur parvient à nous intéresser à Johnny et June ensemble, mais aussi individuellement. Les fans premiers de country déploreront peut-être cet aspect un peu trop « hollywoodien », et l'absence d'une réelle illustration de l'impact de Cash sur sur les générations de musiciens de rock qui l'ont suivi, mais en acceptant le parti pris romantique de James Mangold, le film devient particulièrement agréable à regarder, ne serait-ce que pour son casting. Et réentendre les classiques de l'Homme en Noir, intégrés à l'histoire de manière intelligente, réarrangés et interprétés avec autant de talent vaut définitivement le détour.
Vincent Wind
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